Marc Tanguy et Mireille Moser – Paysages chromatiques

Octobre et novembre 2018

Marc Tanguy

portrait-tanguy-marc-1
Marc Tanguy est peintre, aquarelliste et graveur.
Il est né en 1959 à Paris où il vit et travaille dans le quartier de Belleville.

Après des études aux Beaux-Arts de Paris et aux Arts Décos, où il fut élève
de Zao Wou Ki, il se consacre exclusivement à la peinture.

Son travail, exposé dans plusieurs galeries en Europe, est présent dans de
nombreuses collections à travers le monde.

Surtout tourné vers l’espace des paysages, d’une tradition picturale
coloriste, Marc Tanguy explore à travers eux un univers de perceptions et
d’évocations de la nature, et au-delà, d’une nature invisible, sensitive et
intériorisée.

On peut retrouver l’esprit des recherches musicales de Maurice Ravel dans
les harmonies colorées riches et subtiles de Marc Tanguy.

Mireille Moser – Céramique

Mes céramiques sont des rêves de lumières où j’aime à mêler le grès et la porcelaine. Le grès est un soleil refroidi enfermé dans la pierre
Du grès je retiens sa force, sa structure qui m’autorise toutes les fantaisies. Avec sa souplesse je façonne des plaques qui formeront des volumes.
La main palpe, tâtonne, triture, c’est du bonheur qui se déguste.
Ces volumes je les veux grands, trapus, terriblement ancrés dans leurs pesanteurs.
La porcelaine est une fleur plusieurs fois millénaire, quelque chose entre le coquelicot et le chardon. Elle m’offre son extrême plasticité, sa blancheur que je colore d’oxydes : fer- cobalt-cuivre-nickel-
vanadium-chrome-titane.
Cette pâte si fine, si souple, je vais l’étirer et l’étirer encore, car il me la faut de l’épaisseur d’un papier.
De cette plaque je vais tirer des fragments, de petites surfaces, que je déposerai en mosaïques sur la peau humide de ma pièce de grès.
Infiniment lentement, par de douces pressions ces collages de porcelaines s’incrusteront dans la terre encore tendre.
Là seul travaille l’imaginaire car pour l’heure toutes ces couleurs sont grises, roses, noires pourtant je les vois déjà telles que je les espère.
L’émail est un éclat de lumière et de fraicheur…….
Je le déposerai sur le tesson, sa vitrification éveillera les oxydes les plus sombres, les plus vifs, les plus
délicats, révélera leurs couleurs, leurs jeux de nuances.
Posé plus épais, il les assombrira, les étouffera sous son glacis d’ombre.
Laissée nue, la porcelaine serra légèrement vitrifiée, irisée, voir mate, sourde, métallique, renfrognée.
Puis vient la dance du feu les heures passent, je marche sur du velours.
C’est le feu, à 1280°, qui ferra s’étreindre et cristalliser ces deux terres si dissemblables.
Mais enfin mes céramiques sont bien autres choses que ce tas de secrètes manipulations que cette tentative d’équilibre dans le chaos.
Bien autre chose, une balade ou l’on marche boiteux parfois, cassé, cagneux, tanguant, roulé d’un bord à l’autre de soi-même insatisfait toujours, tendu vers cette aventure sans cesse recommencée, la vraie, celle qui n’est pas ailleurs.

Rochebaudin, le 06 mai 2011
Mireille Moser Hommage à Guy Gonffette