1911 – 2005
Peintre français, de renommée internationale, Boris Taslitzky est né à Paris de parents ukrainiens. Parisien tout au long de sa vie, il est de ces artistes dont la vocation se révèle très tôt. Il n’a que quinze ans lorsqu’il commence à fréquenter les académies de Montparnasse, puis l’École Nationale des Beaux-arts de Paris. Il est notamment soutenu par George Besson, Francis Jourdain ou Louis Aragon ; son atelier est un lieu où se croisent des personnalités du monde de l’art et de la culture. Sa peinture s’inscrit résolument dans la filiation d’une tradition française, de Poussin à Fragonard, de Ingres, Géricault et Delacroix à Courbet.
Son parcours est fortement marqué par les grands bouleversements de l’histoire du XXe siècle. A la fois témoin et acteur de cette histoire, ses engagements artistiques et politiques sont à la mesure de la conscience particulièrement aiguë qu’il a de sa responsabilité d’homme et d’artiste. En 1933, il entre à l’Association des Écrivains et Artistes Révolutionnaires (A.É.A.R) dont il devient secrétaire général de la section des Peintres et Sculpteurs, puis en 1935, il adhère au Parti communiste. Autour de la question du réalisme, il participe activement aux débats de la Maison de la Culture qui préfigurent la politique culturelle du Front Populaire.
Boris Taslitzky déclarait que toute sa vie avait été marquée par la guerre. Après l’échec de la révolution de 1905, ses parents fuient la Russie pour Paris ; lors de la première guerre mondiale, en 1915, son père est tué en combattant dans l’armée française et en 1942, sa mère, parce que juive, est arrêtée et assassinée par les nazis au camp d’Auschwitz. Dès les premières heures, l’engagement de Boris Taslitzky dans la Résistance est exemplaire. Mobilisé, il est fait prisonnier et s’évade. Coupable d’avoir réalisé des dessins engagés, il est à nouveau arrêté. Son activité de subversion ne faiblit pas au cours de son incarcération dans les geôles de Vichy, à la centrale de Riom, puis au camp de Saint Sulpice La Pointe où, avec la complicité des autres prisonniers, il peint un ensemble de fresques qui, par un article d’Aragon publié dans Regards, lui vaut le titre de « Maître de Saint Sulpice ». Il ne désarme pas même dans l’enfer concentrationnaire nazi de Buchenwald où, grâce à la solidarité et à l’organisation de résistance clandestine, Boris Taslitzky produit près de deux cents croquis et dessins, ainsi que cinq aquarelles. Rendant hommage au talent et au courage de son ami peintre, Aragon fait publier dès 1946 l’album, 111 dessins faits à Buchenwald. Après une réédition en 1978 de l’Association française Buchenwald-Dora, l’ensemble très largement enrichi est récemment paru chez Biro Editeur. Le Musée d’Art et d’Histoire du Judaïsme a consacré à ce témoignage graphique exceptionnel une exposition en 2006.
Sa vie durant, l’action militante de Boris Taslitzky en faveur de la justice et de la liberté est restée intimement liée à son œuvre.
En France et à l’étranger, l’œuvre de Boris Taslitzky est conservée dans de nombreuses collections privées mais aussi dans de prestigieuses collections publiques comme par exemple à Paris (Musée National d’Art Moderne, Musée d’Art Moderne de la ville de Paris, Musée des années 30), à Moscou (Musée Pouchkine) ou à Londres (Tate Modern).
Texte d’Isabelle Rollin-Royer sur le site dédié au peintre.